Gide voyage beaucoup et ses écrits qu'ils soient œuvre de fiction ou autobiographiques sont imprégnés de ses expériences personnelles. « Ce que je veux, c’est présenter d’une part la réalité, et présenter d’autre part cet effort pour la styliser. », par cette phrase, Gide résume à la fois ses aspirations et le style qu'il emploie.
Ce roman ne raconte pas une histoire mais plutôt une tranche de vie, dans laquelle se croisent et s’entremêlent les destins de différents personnages. Au début du XXème siècle, des adolescents et jeunes bacheliers de la bourgeoisie parisienne se lancent impulsivement dans la vie, en quête d’indépendance et de réussite. Leur chemin croise celui d’hommes mûrs (Edouard Molinier, Passavant, Strouvilhou), sous l’influence desquels ils se perdront quelques fois, se heurtant aux vicissitudes de la vie. Ces mentors aux intentions troubles les payent en fausse monnaie, fausse amitié, faux amour, fausse renommée littéraire.
Ce récit est l’occasion pour Gide d’offrir une vision parfois amorale de la famille, de la religion et de l’apprentissage de la vie, et de s’interroger sur ce qu’il appelle « la fausse-monnaie du roman ».
Paru en 1925 et considéré, pour son audace formelle, comme précurseur du Nouveau Roman, Les Faux-Monnayeurs explore en permanence les thèmes de l’écriture et de l’authenticité. Le paraître semble être le seul mode d’existence possible pour les protagonistes du roman, et leur sincérité est souvent difficile à déceler. L'allégation cynique du jeune Armand Vedel (« la vie, mon vieux, n'est qu'une comédie ») est révélatrice de ce constat global : le mensonge est partout.
L'art du roman, écrivait Aragon, est qu'il sait mentir. N'est-ce pas là le principe de tout art ?